samedi 1 novembre 2014

Premier jour d'un Burkina sans Blaise Compaore


Comme les évènements se précipitent et que vous avez témoigné de l’intérêt à la suite de mon premier récit, je poursuis mon travail de reporter terrain ;) Comme vous l’avez sans doute vu car ça a fait les gros titres des médias pas mal partout, Blaise Compaore a démissionné hier. Les manifestants crient et chantent leur victoire. Mais l’après Blaise Compaore, comment ça se dessine? 27 ans au pouvoir, ce n’est pas évident de passer par-dessus ça. Surtout que 60% de la population burkinabè a moins de 25 ans, donc n’a rien connu d’autre. Bref, beaucoup d’incertitudes demeurent encore à l’aube de cette première journée sans Blaise à la tête du pays.

Depuis que je suis confinée à domicile, je dois vous avouer que je n’en ai pas vraiment profité pour avancer mon travail, mais je suis plutôt rivée sur mon écran, la radio fonctionnant en parallèle. Quand un parle du Burkina, je baisse le volume de l’autre. J’essaie aussi de suivre par internet et j’appelle mon informateur terrain pour tâter le pouls de Ouagadougou… Les mêmes nouvelles tournent en boucle, mais parfois, quelques petites informations supplémentaires permettent tranquillement de me faire un jugement. Mais ce n’est pas vraiment évident de prévoir la suite. Aujourd’hui, 2 militaires se sont autoproclamés à la tête du pays. Traoré, chef d’État-major, est celui qui se réclame à la tête depuis jeudi soir, mais il n’est pas très populaire auprès du peuple qui le considère trop près de l’ancien président. Zida, numéro deux de la garde présidentielle, a fait une apparition publique, devant le peuple, à la Place de la Révolution (grande place centrale où tous les manifestants se réunissent). Le fait de se présenter devant les manifestants et de leur affirmer qu’ils avaient un pouvoir de décision sur la suite et qu’on allait leur présenter chaque décision qui était prise pour avoir leur approbation, a évidemment séduit la foule qui a applaudi à chaque mesure proposée. Une de ces mesures pour la transition était toutefois la suspension de la Constitution… ce qui m’amène quand même quelques soupçons. Donc, Zida est un peu plus populaire auprès du peuple. Mais celui que le peuple aurait voulu était le Général Lougué à la retraite. Ce dernier avait été congédié, il y a plusieurs années, par Blaise Compaore qui craignait alors l’organisation d’un coup d’État. Mais depuis jeudi, on n’a plus rien entendu à propos de Lougué, donc je ne pense pas qu’il soit encore dans les négociations. À travers tout ça, les représentants de la société civile et les chefs des partis de l’opposition essaient de se frayer un chemin dans les discussions, mais ce n’est pas évident. La société civile semble aussi se diviser en deux. Ceux qui réclament le rétablissement de la Constitution et un civil à la tête de l’organe de transition et ceux qui acceptent le rôle de l’armée dans la transition.

Il faut, encore ici, comprendre le contexte historique du Burkina Faso. Un soulèvement populaire de la sorte avait eu lieu, en 1966, pour renverser le Président alors en poste. Une transition avait été opérée par l’armée qui, depuis, n’a jamais quitté le pouvoir. Blaise Compaore étant un militaire et n’ayant jamais cessé de l’être malgré ses 27 ans au pouvoir. En 2011, une certaine révolte des militaires avait vraiment remis en question le Président Compaoré qui se considérait pourtant beaucoup plus proche de ses militaires que de ses députés. Il avait alors justifié cet acte par le fait que de nouveaux militaires, jeunes et moins bien formés venaient de joindre les rangs. Il a fait du ménage, nommé Traoré comme chef d’État-Major (d’où l’inquiétude du peuple de le voir diriger la transition) et s’était lui-même nommé Ministre de la défense. Donc vous comprenez maintenant que l’armée a toujours dirigé d’une certaine manière le pays et que, malgré la perception négative qu’on peut avoir de ça en Occident, il s’agit peut-être aujourd’hui de la façon la plus efficace de ramener l’ordre dans le pays et de rapidement organiser des élections démocratiques. Je n’ai pas pour le moment de position là-dessus, je suis encore en réflexion et je laisse les choses s’organiser un peu pour en juger objectivement. Au moment où je vous parle, les deux hommes forts, soit Traoré et Zida, sont en train de discuter pour trouver un terrain d’entente. On dirait que je viens d’entendre en direct que ce serait Zida qui serait officiellement à la tête du pays, mais j’attends encore le communiqué officiel pour en être certaine.

Donc vous comprenez que le portrait politique est très confus et que personne ne peut prédire la suite. Blaise Compaore a exprimé une volonté en démissionnant, soit l’organisation d’élections démocratiques dans les 90 jours. Si Zida est bien l’homme fort du moment, il m’a paru sincère dans sa volonté d’impliquer la société civile et l’opposition dans la conception de la période de transition. Mais j’attends de le voir concrètement pour le croire.

Sinon, la vie reprend son cours tranquillement. Hier je suis allée tâter le pouls de la ville à Banfora. La plupart des boutiques, les stations d’essence et les services publics sont fermés. Mais les restos et les maquis (petits bars en plein air) sont ouverts pour la plupart et certaines femmes vendant fruits et légumes sont sorties. Mais le grand marché était pas mal désert. J’ai quand même pu me réapprovisionner avant de retourner dans mon confinement. À Ouagadougou, il y avait un festival qui a tenté de maintenir ses activités, mais vers 23h les militaires sont venus demander aux gens de rentrer pour respecter le couvre-feu qui était encore en vigueur. Comme il y a eu énormément de saccage et de pillage, les forces de l’ordre vont avoir besoin de quelques jours pour que tout redevienne calme. Ils ont même fermé les frontières terrestres temporairement. Aujourd’hui, un appel à tous a été fait et des centaines de femmes et d’hommes, jeunes et moins jeunes, sont sortis, balais à la main, pour nettoyer la ville de tous les dégâts causés par les émeutes. Le principal mouvement de la société civile qui a été derrière le soulèvement populaire, « le balais citoyen », affirme : « hier on a balayé le président, aujourd’hui il faut balayer la ville »! La mobilisation a été assez efficace et barrages routiers, pneus brûlés, carcasses de voitures calcinées ont été dégagés. Beaucoup de curieux se sont rassemblés devant les maisons d’anciens proches du président qui ont été incendiés. Certains tentaient même de récupérer certaines pièces comme souvenir ou pour fabriquer des gris-gris.

Donc voilà, la vie va tranquillement reprendre son cours. Une information live, pendant que je vous écrivais, vient d’être dite à la radio : le chef d’État-Major Traore a signé un communiqué affirmant que « Le lieutenant-colonel Issac Zida a été retenu à l'unanimité pour conduire la période de transition ouverte après le départ du président Compaoré ». Je ne change pas le message précédent pour quand même vous donner une idée en temps réel de la confusion qui régnait ce matin ;)

Cette confusion était inévitable car honnêtement, personne ne pouvait prévoir la rapidité des évènements. Il y a moins d’une semaine, les gens manifestaient seulement pour éviter que le Président puisse se représenter aux élections l’année prochaine. Aujourd’hui, le pays se retrouve sans Président. Blaise Compaore n’avait évidemment pas préparé sa succession, d’où son intérêt de briguer, au moins, un nouveau mandat. Donc les choses s’organisent de la manière qu’elles peuvent. Mais le peuple des hommes intègres est en train de tracer le chemin pour beaucoup d’autres peuples africains qui aspirent à une meilleure démocratie. Il faut faire confiance aux uns et aux autres et tous ensembles, reconstruire le pays.

Je vous réécris dans quelques jours pour vous raconter comment s’organise la transition et peut-être… vous parler un peu plus de Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè dans les années 1980, qui aujourd’hui, doit être plus que fier de voir que les enfants de ceux qui l’ont suivi ont aujourd’hui écouté son enseignement et poursuivi son travail.

vendredi 31 octobre 2014

Récit d'un soulèvement populaire au Burkina Faso


Pardonnez moi silence, mais je le romps aujourd'hui pour vous raconter mon récit du soulèvement populaire qui a eu lieu au Burkina hier. Je l'ai vécu depuis Banfora, où je me suis ré-installée depuis juillet dernier.

30 octobre 2014, le Burkina Faso est en train d’écrire son histoire. Un soulèvement populaire qu’il fallait prévoir mais qui, malgré tout, en a surpris plus d’un. Moi-même, je ne pensais pas que cette opposition au gouvernement prendrait une telle ampleur. J’ai ressenti le besoin d'écrire aujourd’hui car, oui je sais, je ne donne pas assez de nouvelles, mais surtout pour vous rassurer et vous expliquer un peu mieux le contexte de ce soulèvement populaire au Burkina Faso que vous n’avez sans doute pas vu venir.

Je ne sais pas à quel point l’information est parvenue jusqu’au Québec, mais ayant vu quelques articles sur cyberpresse et reçu quelques appels/emails inquiets, je me dis que vous en avez sans doute eu vent.

Brève mise en contexte : Blaise Compaore est président du Burkina Faso depuis 27 ans. Il a succédé, en 1987, par coup d’état militaire sanglant, au capitaine Thomas Sankara, dont il était le bras droit. Sankara, considéré comme le Che Guevara de l’Afrique, reste aujourd’hui un emblème de la lutte panafricaine. Aujourd’hui le 30 octobre 2014, il l’est encore plus. Il doit même rire dans sa tombe de voir ce qui arrive à celui qui l'a trahi. Bref, Blaise Compaore a dirigé le pays avec son parti unique jusqu’en 1991 où la constitution a été écrite avec le fameux article 37 qui autorisait le président à faire 2 mandats de 7 ans. Élus en 1991 et 1998, Blaise Compaore aurait dû finir son règne en 2005… mais, coup de théâtre, modification de la constitution et le fameux article 37 autorise maintenant le président à faire 2 mandats de 5 ans. Et son compteur est remis à 0. Il est réélu en 2005 puis 2010… et vous voyez la logique. 2015 approchant, Blaise Compaore tente depuis l’année dernière de faire des pieds et des mains pour encore modifier l’article 37 pour lui permettre de faire 3 mandats de 5 ans (si le compteur était encore remis à 0, ça voulait dire 15 ans de plus au pouvoir!!). Sauf que la population a commencé à comprendre la game et ne se laisse plus faire aussi facilement. Il a d’abord proposé la création d’un sénat, le peuple a manifesté, il a reculé. Ensuite il a parlé de tenir un referendum pour consulter la population sur la modification de l’article 37, le peuple a encore manifesté, le président est resté muet. Et la semaine dernière, il annonce que le gouvernement va étudier le projet de loi sur la modification de l’article 37 le 30 octobre. Si les 2/3 de l’assemblée sont favorables, l’article sera modifié et si seulement la moitié est favorable, ils devront aller en référendum pour consulter la population.

Vous me direz qu’un référendum est démocratique et que c’était légitime d’y avoir recours… Toutefois, dans le contexte où le Burkina est un des pays les plus pauvres au monde, est-il réellement profitable d’investir des sommes importantes dans l’organisation d’un référendum alors qu’il manque de médecins, d’hôpitaux, d’écoles, etc. De plus, à chaque élection, Blaise Compaore a gagné avec des scores soviétiques, sans même inquiéter la communauté internationale.... donc est-ce qu’un référendum aurait été transparent? Et surtout avec l’objectif ultime derrière le référendum qui est de permettre à un seul individu d’ajuster la constitution d’un pays à sa guise? C’est surtout là que les manifestants ont trouvé que c’était anti-démocratique.

Alors depuis l’annonce du gouvernement de l’étude du projet de loi, on assiste à une très forte mobilisation citoyenne. Beaucoup d’actions de désobéissance civiles ont été menées la semaine dernière, mais c’est surtout depuis cette semaine que ça s’est renforcé. Mardi, une mobilisation légendaire a réuni plus d’un million de personnes dans les rues de Ouagadougou et des manifestations ont aussi eu lieu dans la plupart des villes burkinabè… même à Banfora! Sur une population de 17 millions, cette mobilisation est du jamais vu pour un pays d’Afrique sub-saharienne.

En dépit de ce que la population et les différents groupes d’opposition ont exprimé depuis la dernière année, Blaise va de l’avant avec l’étude du projet de loi du 30 octobre. Les groupes d’opposants décident donc d’empêcher les députés de voter en prenant d’assaut l’assemblée nationale. C’est comme ça qu’a commencé la journée d’aujourd’hui. Si tout c’était arrêté là, on n’aurait pas assisté à toute cette violence. Mais une fois l’assemblée nationale saccagée et l’annonce du gouvernement de l’annulation du projet de loi, les manifestants ont décidé de s’en prendre à tous les "biens mal acquis du pouvoir" comme ils disent, c’est-à-dire tout ce que les proches du pouvoir auraient pu acquérir avec l’argent du peuple. Donc les grandes résidences des proches du président ont été pillés et saccagés, des voitures ont été incendiées, etc. Ce sont les images que vous avez sans doute pu voir un peu partout dans les médias. Ça a été un chaos toute la journée, la confusion règnait et en fin de journée l’armée a annoncé que le gouvernement était dissout, qu’un état d’urgence était en vigueur et qu’un gouvernement de transition allait être mis en place pour un maximum de 12 mois. Toute information autour de Blaise Compaore a été tue. On n’a entendu aucun commentaire de sa part pendant toute la journée sauf un communiqué où même sa signature n'a pas été validée. Les rumeurs couraient entre le fait qu’il était dans son village ou parti à l’étranger. Les partis de l’opposition n’ont pas été satisfaits avec la déclaration de l’armée et ont encouragé les manifestants à continuer la désobéissance civile jusqu’à la démission officielle de Blaise Compaoré. Ce dernier s'est finalement exprimé en fin de soirée et il ne semblait pas encore prêt à démissionner. Il disait avoir compris et il promettait de laisser le pouvoir à la fin du gouvernement de transition, mais il n’entend pas reculer dès maintenant… Bref c’est un vrai flou à savoir qui est aujourd'hui à la tête du pays entre l’armée, Blaise Compaore ou le peuple. Toutefois, on a assisté à un soulèvement populaire et non pas à un coup d’état militaire, mais l’armée semble en train de vouloir s’approprier la victoire du peuple. Aujourd'hui s’annonce encore mouvementé, les manifestants se regroupent pour poursuivre la lutte et rendre hommage aux 30 victimes qu'a fait la journée d'hier, à suivre…

Sinon, de mon côté c’est évidemment plus tranquille à Banfora. Les gens de Ouagadougou avaient eu la consigne de rester à la maison hier matin, mais pour l’équipe de Banfora, Oxfam nous avait dit de juger. Donc hier matin je suis partie à la mairie car on organisait une formation où même 2 consultants avaient fait le déplacement depuis Ouagadougou. Mais rapidement on nous dit que ça brassait en ville et qu’il valait mieux rentrer. Le chauffeur des 2 consultants n’était pas capable de venir les chercher car il était pris dans les manifestations… donc ma collègue et moi les avons embarqués sur nos motos. En partant vers leur hôtel, on tombe nez à nez avec la manifestation qui arrive vers nous. Alors demi-tour, mais je perds ma collègue et l’autre consultant… Ce n’est pas grave, je me sentais comme James Bond et je devais ramener mon consultant à bon port. Haha! Donc j’ai fait un énorme détour pour contourner la voie principale par des petites routes de terre. Mais finalement on se rend compte que ça brasse toujours, alors on rentre chez moi plutôt… comme j’habite un peu à l’extérieur de la ville, au fond des champs de maïs. Et c’est de là qu’on a ouvert la télé et contacté nos connaissances à Ouagadougou pour apprendre en direct que le projet de loi avait été annulé. À ce moment, on voulait fêter… mais c’est après que tout a dérapé. Depuis, je reste sagement à la maison jusqu’à avis contraire de l’ambassade canadienne. Mais bon, Banfora, ça reste tranquille. Je crois que demain il n’y aura plus grand-chose et que la vie reprendra son cours normal.

Je ne veux pas me prononcer sur la suite des choses, aujourd'hui va certainement être une journée décisive. Ce que je peux affirmer est que le peuple burkinabè, malgré ce qu’il a montré hier, est un peuple pacifique. Il est intègre et il veut la paix sociale. Donc j’ai bon espoir que le leader qui sera identifié pour diriger le gouvernement de transition sera accepté par tous et que chacun contribuera à reconstruire le pays et le calme reviendra rapidement.

Donc voilà mon petit bulletin d’envoyée spéciale au Burkina Faso ;) J’essaie de vous tenir au courant s’il y a des dénouements imprévus… mais pour le moment, ne vous stressez vraiment pas pour moi et ne remettez surtout pas en question vos plans de voyage ici si vous en avez. Ça va vite se régler, j’en suis convaincue. Il n’y a pas de divisions ethniques dans la population comme en Côte-d’Ivoire, ni de groupes rebelles comme au Mali… Donc il ne faut pas s’inspirer des crises vécues par les pays voisins. Je sais que le Burkina Faso, de par son histoire et les fondements même de son peuple, sortira fort et grandi de cette expérience. Aujourd’hui n’est pas un jour noir, c’est la révolution, c’est le début du changement, c’est surtout la fin d’une dictature de 27 ans!

Sinon, je vais bien, mon boulot va bien et je me plais à Banfora…  Pour ceux qui ont malheureusement manqué un bout car je n’ai pas écrit depuis mon arrivée à Banfora début juillet, je travaille maintenant pour le compte d’Oxfam-Québec comme conseillère technique en eau et assainissement. Mon mandat se termine normalement fin janvier. Je voulais recommencer à écrire mon blog mais en parlant de thématique spécifique plutôt que de vous raconter mon quotidien, disons que ce portrait politique sera une première thématique. Si vous avez des demandes spéciales que vous aimeriez que je traite, n’hésitez pas à me demander.

mercredi 19 mars 2014

De retour au Burkina Faso...

Bonjour à tous,

J'espère que vous allez bien malgré l'hiver qui s'éternise. Sachez que je compatis avec vous, et même que je vous envie souvent car ici c'est plutôt l'inverse. Je brave tranquillement la plus chaude saison du Burkina, soit les mois de mars et d'avril ou rarement le mercure ne descend sous les 30 degrés... même la nuit, du moins dans les chambres. Le jour, ça va souvent au-delà de 40. Mais on s'y habitue quand même.

Je m'excuse d'être demeurée silencieuse depuis 1 mois. Pour ceux qui ne savaient pas que j'étais repartie, une petite mise à jour s'impose. Donc voilà, depuis le 16 mars, j'ai quitté le Québec pour retrouver ma 2e maison, le Burkina Faso. Après une escale des plus pénibles, j'atterris enfin à Ouaga avec 10h de retard. Et oui, pour une fois que je voyageais avec Air France et que je devais arriver à une heure décente à Ouaga, soit 18h plutôt que minuit ou 1h du matin avec Air Turquie ou Algérie... Notre avion a décidé d'avoir un bris mécanique lors d'un arrêt à Niamey. L'arrêt devait durer 45 minutes, le temps de descendre et d'embarquer quelques passagers, et il en a duré 10h. Sans même pouvoir sortir de l'avion! Laissez-moi vous dire qu'il faisait chaud là-dedans. Même la première dame du Burkina Faso était dans l'avion. Mais elle a eu la chance d'être escortée dans les appartements de la première dame du Niger... Sinon, mise à part mon impatience à retrouver Karim et tout mon comité d'accueil qui s'était déplacé, l'escale prolongée a été une expérience plutôt cocasse. Des musiciens suisses nous ont animés, j'ai fait plusieurs rencontres intéressantes, et les boissons étaient illimitées. Les agents de bord ont été très sympathiques et accommodants. La réparation n'ayant pas été approuvée par Airbus, AirFrance a dû détourner un de ces avions qui venait du Congo pour venir nous chercher à Niamey et déposer à
Ouaga, avant de continuer sur Pairs. Arrivée à Ouaga à 4h du matin le 18 février. Depuis, tout va à merveille.

Qu'est-ce que je viens faire au Burkina? C'est une question à laquelle je réponds quotidiennement, sans jamais avoir de réponse fixe. Haha! Je viens retrouver mon copain, terminer mon essai de maîtrise, accompagner un groupe de stagiaires en soins infirmiers ou me chercher un travail? En fait, toutes ces réponses à la fois.

Commençons donc par le commencement. Reine de la procrastination que je suis, je suis partie au Burkina il y a un mois, sans avoir terminé mon essai de maîtrise qui traîne depuis septembre. Mais en fait, ce fut plutôt bénéfique d'attendre car mon sujet portant sur la participation des populations locales du Burkina Faso dans la gestion des ressources naturelles, il était plutôt difficile d'obtenir de la documentation précise sur internet. Le fait d'être sur le terrain, et d'avoir participé à un congrès sur "L'adaptation des populations locales aux changements climatiques" lors de mes 2 premiers jours au pays, m'a permis de rencontrer des personnes ressources fort
intéressantes, et même d'organiser des rencontres avec des groupes de villageois. Ces rencontres et entrevues vont nettement enrichir mon essai. Comme quoi, la procrastination peut parfois rapporter. Mais mon problème est loin d'être réglé. Il ne me reste que 2 mois pour terminer et la chaleur m'assomme et diminue beaucoup ma productivité. Mais je reste optimiste!

Sinon, mon groupe de stagiaires est arrivé depuis le 8 mars, jour de la femme, où je les ai attendu à l'aéroport vêtue de mon pagne à l'occasion de cette journée internationale grandement célébrée au Burkina Faso (voir ma photo de profil facebook à l'appui... ma mauvaise connexion ne me permettra pas de vous envoyer de photos avant encore 3 semaines). Depuis, je suis assez occupée à gérer leur intégration au pays. 2 petits jours express à Ouagadougou, et hop à Pô, notre ville d'accueil pour 4 semaines. Une nuit d'intégration, installation dans
les familles le lendemain, et début de stage dans les centres de santé et hôpital dès le surlendemain (4e jour au pays), ça c'est de l'intégration rapide! Mais comme ils ne sont pas là longtemps et que leur stage est crédité dans le cadre de leur technique, le nombre de jours de stage était important. Tout se passe à merveille jusqu'à
présent. On a même intégré rapidement, dès la 2e semaine de stage, des activités d'éducation sexuelle (grossesse, contraception, ITS, etc.) dans une école (niveau secondaire et lycée). Les élèves ont adoré,
ainsi que les stagiaires. Donc vraiment, une très belle expérience jusqu'à présent. Et à mon niveau, je ne suis pas en famille d'accueil car je loge à l'hôtel avec les 2 professeurs qui accompagnent le groupe. Donc je suis bien installée pour travailler sur mon essai et pour recevoir Karim de temps en temps. Il a d'ailleurs passé la
dernière fin de semaine avec nous et initié tout le groupe au djembé. Je touche du bois pour que tout continue aussi bien. Surtout qu'après une semaine, la routine s'installe, le groupe a de moins en moins besoin de moi à temps plein et je peux prendre du temps pour mon essai (et pour ENFIN vous écrire un petit message).

Et la suite, et bien mon groupe quitte le 6 avril et je risque de demeurer cloîtrer dans la grande maison d'expatriée qu'une amie de la croix-rouge nous prête pour le mois d'avril afin de terminer mon essai. J'ai appliqué sur plusieurs postes de coopérante qui commenceraient en mai ou juin, mais pour le moment, je suis toujours
sans nouvelles, ce qui n'augure pas bien. Mais encore une fois, je reste positive. Donc dans le meilleur scénario, je me trouverais un contrat à Ouagadougou à partir de mai-juin, je pourrais avoir quelques semaines de congé en août pour faire une saucette au Québec, et dans le vraiment meilleur des cas, Karim aurait un VISA pour m'y
accompagner. Mais bon, ça c'est un objectif loin d'être atteint. D'ici là, je suis sans emploi à partir du 6 avril et je suis à fond dans mon essai jusqu'au 21 mai. La suite, c'est encore l'inconnu!

Alors voici mon premier roman de mes nouvelles aventures africaines. Je vous réécris plus de détails croustillants dans un prochain roman.

Je pense à vous très fort malgré mes longs silences.

Bisous à tous

Amé xxx

lundi 29 juillet 2013

Banfora en images... enfin!

Alors pour faire suite à mes quelques publications de photos, voici enfin des images de Banfora, mon petit paradis. Disons qu'avec les cascades à proximité, on ne varie pas beaucoup les destinations touristiques, mais vous constaterez par vous-même, c'est vraiment le paradis. On n'a pas manqué une occasion d'y amener les amis en visite. Il ne nous reste qu'une semaine à Banfora, mais il y aura au moins une, si c'est pas 2 sorties aux cascades là-dedans! haha! Au plaisir de vous y amener un jour...
Maintenant voici donc quelques photos des cascades, des paysages de Banfora, du lac Tengrela et ses hippopotames, de notre maison et nos sorties... notre petite vie quoi!
 
Les fameuses cascades! à débit moyen... haha! vous constaterez les différences de débit selon les sorties. Mais ça ne dépend pas que de la pluie mais aussi de l'ouverture ou non du barrage qui se trouve en amont et qui alimente toute la zone agricole.

On se plait bien aux cascades!


Et un ami aux cascades... Yellow qui n'a toutefois pas osé se baigner, le malheureux! haha! Je tiens aussi à souligner le blanc florescent de mes jambes vs mes bras! Vous avez une preuve incontestables que je ne m'exhibe pas les cuisses en Afriques! haha! Sauf une fois aux cascades!

Cette journée là, il y avait tellement d'eau! Voyez les 2 toubabous contents qui se camouflent avec le blanc de l'eau de la cascade! Et un 2e ami aux cascades... Marco!


Petit massage aux jets d'eau des cascades... si ça c'est pas le paradis!

Des amis très contents après une journée aux cascades! haha!


Et un 3e ami aux cascades... Mohamed! Mais ya pas ben ben d'eau pour lui...


Mais même sans eau, le soleil et le bon temps sont au rendez-vous!

Pas assez d'eau? Je me suis quand même trouvée un petit jaccuzi!
 
Et les cascades, ce n'est pas seulement "les cascades". La route empruntée des dizaines et des dizaines de fois (car c'est aussi mon terrain de travail) est tout simplement magnifique et je ne me lasse jamais de ces 10-15km à moto. Voici donc quelques photos de paysage sur la route des cascades.
"Petit" baobab à Karfiguéla...

On avait fait une crevaison donc on passait le temps en regardant le couché de soleil sur une partie de football Tengrela-Karfiguela
 


En route sur notre bolide tout terrain... et la preuve que je suis toujours très prudente en moto!


Petite ascension vers les cascades et vue sur la plaine

Petite parcelle agricole aux abords des grands champs de canne à sucre de la SOSUCO


Route au milieu des champs de canne à sucre





Les manguiers géants. Heureusement, je n'ai jamais vu de mangues tomber... ça ferait mal au coco!


Au sommet des falaises, soit la petite ascension pour mériter les cascades!

Vue de la plaine à partir des falaises (bon c'est pas très haut je vous l'accorde, mais sous la chaleur burkinabé, les cascades sont bien appréciées après cette petite ascension)

En haut des falaise, on peut opter pour une petite randonnée plutôt qu'aller aux cascades. Et on atteint les Dômes que l'on voit au fond à gauche... Je n'y suis pas encore allée, j'opte toujours pour les cascades! haha! J'ai fait la moitié de la route pour vous fournir cette photo.

Au sommet des falaises, on se sent seul au monde et on arpente des chemins vierges... ou empruntés par des bœufs, là on se sent un peu moins wild!

Belle carte du monde découverte sur le mur de l'école de Karfiguéla, œuvre de 2 corps de la paix américains. Merci pour nous avoir permis tout un shooting pictures.

Le monde et un baobab!


Quand on a de la visite, on joue aux touristes... Merci à Marco de m'avoir poussé à aller faire un tour de pirogue à Tengrela, le lac aux hippopotames. Ce fut un moment magique. Voici quelques photos à l'appui.


Aux abords du lac, juste avant d'embarquer


L'appel du canot se fait sentir... La fille est ben contente d'être sur l'eau et a même convaincu le piroguier de la laisser pagayer un peu. Malheureusement la batterie était déchargée donc aucune preuve à l'appui.


Des pêcheurs en pirogue


Ooou, des têtes d'hipopos, on a de la chance!


Et même plus que des têtes...


Et la chance continue de nous sourire... Même s'il n'a pas l'air très content. Faites moi penser de vous montrer mon vidéo d'hippopo féroce à mon retour.

Et le clou du spectacle... Assez proche n'est-ce pas? C'est avec du recul que je me rends compte que j'aurais dû avoir peur!

En fait, un autre clou du spectacle... couché de soleil à en perdre le souffle.

Il va falloir que je revois ma définition du paradis... Cascades ou couchés de soleil en pirogue?

Voilà comment je suis accueillie à la maison quand il fait très chaud. Les chèvres cherchent l'ombre!

Et notre petite maison... Pièce de vie construite avec ce qu'on a sous la main... Table et chaises construites par notre ami menuisier, boîte de frigo recouverte d'un beau pagne pour la table dans le coin, petit lit de brousse aux imprimés d'armée fournie par mon patron en guise de sofa, quelques paniers de rangement et notre touche personnelle avec quelques décos... on s'en sort pas mal!

Sous un autre angle... J'avais oublié le petit rack IKEA que j'ai traîné du Québec, et le frigo fourni par le patron

Sous un autre angle encore, juste pour vous faire saliver avec mon ananas et mes mangues!!!

Petit repas pour la visite: brochettes, frites, salade et l'essentiel... Brakina et Pelfort, nos bières locales préférées!

Et souper quand on sort: poulet braisé à la perfection avec notre fidèle brakina!

Et au Champion, notre bar pour danser. Le samedi soir c'est bien convoité et on n'avait pas de place... on s'est donc créé notre table avec les moyens du bord! haha!

 
Alors voici pour mes photos de Banfora... J'écrirai un peu plus de détails sur la fin de mon stage et mes projets de fin de séjour sous peu. Pour le moment, je travaille à fond pour tout finaliser d'ici la fin de la semaine et je ne sais plus trop où donner de la tête.  Donc on se dit à bientôt!